Dans ce texte à paraître dans Témoignage chrétien du 3 mai 2007, et repris ici, Jean-Jacques Reboux nous présente une anecdote symbolique.
Triste boutureJ’ai toujours eu une aversion profonde pour Nicolas Sarkozy. Sa maladive avidité de pouvoir, ses mensonges grotesques, son culte obsessionnel, quasi-pathologique, de l’Ordre policier, sa connivente fascination pour les nantis, son mépris pour les démunis,sa démagogie populiste, sa célébration pétainiste de la valeur-travail (et pour parvenir au plein emploi, il relance le STO ?), sa puissance de coercition médiatique, sa désolente inculture, ses scandaleux propos eugénistes... Il est rare de voir à ce point condensé en un seul homme tout ce qu’un citoyen épris de justice et de liberté peut abhorrer. Mais, me disais-je, il y en eut tant d’autres avant lui, parfois plus sinistres, plus brutaux... Les Bousquet, Papon, Marcellin, Poniatowski, Pasqua, dont il n’est, après tout, que la triste bouture. Le 24 juillet 2006, un « détail » me fit comprendre combien mes craintes de le voir arriver au pouvoir étaient justifiées. Interpellé par la police à la suite d’un PV bidon que j’avais osé contester, menotté aux pieds et aux chevilles, embarqué par 12 policiers déchaînés, méprisant la déontologie, après que je me fus rebellé, l’un d’eux, coup de matraque dans les côtes, me glissa à l’oreille un menaçant « T’as de la chance qu’Il soit pas président ! » faisant froid dans le dos. Et qui rappelle les temps (pas si) anciens où les SA de Röhm chassaient le juif en disant : « Et là, ce n’est rien, tu verras, quand Il sera président ! » Ces violences policières m’ont incité à écrire (et publier) une Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy, ministre des libertés policières, ignorée des médias, à laquelle ledit ministre n’a pas daigné répondre. Car Nicolas Sarkozy, contrairement à ce que pourraient laisser croire ses gesticulations, ne connaît ni le courage, ni la courtoisie. Deux raisons de plus à mon aversion, qui me laissent à penser que cet homme-là est tout sauf un homme d’Etat. Il y a cinq ans, l’extrême droite était au second tour. En 2007 aussi. Mais ça se voit moins. A la place d’un borgne haineux, antisémite, xénophobe, nous avons un petit homme bien élevé, souriant, capable le temps d’une campagne d’abandonner au fond de sa poche ses velléités d’excité bonapartiste. Mais ce qu’il y a, en vérité, au fond de sa poche, c’est une boîte de Pandore. Cet homme-là porte en lui les germes du totalitarisme et de la guerre civile. Si par malheur il était élu, il faudra entrer en RESISTANCE. Nicolas Sarkozy, dussiez-vous être élu, vous ne serez JAMAIS mon président. Car moi, pendant 5 ans, je me considérerai comme un citoyen APATRIDE. Et nous serons nombreux dans ce cas. Jean-Jacques Reboux, écrivain, directeur des éditions Après la Lune. |
Ordre juste ou... ordre nouveauDans cette campagne 2007, ce qui ressortira dans quelques années, c’est la découverte d’une personne, d’un candidat, qui jusqu’ici paraissait relativement censée, et qui révèle, au fur et à mesure, une étrange personnalité. Personne, -jusqu’à une époque récente - n’aurait pu s’attendre à retrouver chez monsieur Sarkozy le double rajeuni de Pétain ou le clone aseptisé de Jean-Marie Le Pen. Et pourtant, toute sa rhétorique véhicule les mêmes idées et utilise les mêmes mots, mais personne n’y avait prêté véritablement attention, le tout étant noyé dans une hyperactivité médiatique entretenue par le personnage depuis des mois pour faire écran à ces idées nauséabondes. Personne n’a vu non plus que son entourage proche était la clé de sa pensée politique. Or, parmi sa garde rapprochée, on trouve des personnes qui sont loin d’être jeunes, et qui ont un passé plus que sulfureux au sein de l’extrême droite la plus violente. Et pas des théoriciens, des gens ayant déjà porté le casque et manié jadis le bâton. En résumé, les idées extrémistes que vient de tenir et de répéter Nicolas Sarkozy ne sont pas une génération spontanée, c’est plutôt la résurgence d’un vieux fond de commerce entretenu en haut lieu au sein même de son staff. Dans ce sens, il n’y a aucune rupture chez le personnage, contrairement à ce qu’il raconte. [...] De tout cela il ressort que les idées du candidat de l’UMP à la présidentielle ne sont pas anodines, et ont bel et bien un lien direct avec des mouvances d’extrême droite d’horizons divers. A la tête du mouvement se trouvent toujours trois personnes aux origines de la droite la plus violente dans les années 70. Si bien que la question, en cette fin de parcours électoral, est nettement plus claire et finalement plus facile à poser. Demain, en France, il s’agira tout simplement de choisir entre l’ordre juste ou... un ordre nouveau. |
Sur son blog "Vive le feu !", le 23 avril, Sébastien Fontenelle utilise l’humour noir pour montrer comment le président de l’UMP use des médias pour d’un côté souffler sur les braises et de l’autre user de spiritualité, compassion et amour universel. Voici sa chronique du 23 avril
Autre article sur la même page : "Où L’on Découvre, Abasourdi(e), Que La "Sarkophobie" Est Un Antisémitisme"
L’homme qui murmurait à l’oreille des fachosVous avez entendu, hier, le discours du chancelier Sarkozy ? Franchement, ce fut un grand et beau discours. Un grand moment de spiritualité orientale, avec beaucoup de gros morceaux de compassion. Au fond, c’est tout simple : ce gars aime tout le monde. Tout. Le. Monde. En l’écoutant, je me disais : "Il est en somme bien naturel que le respectable Eric Besson ait vendu son... Ait librement choisi de mettre son intelligence, qui est vive, au service du chancelier Sarkozy". (Eric Besson est le monsieur qui a longuement détaillé, dans un fascicule "socialiste", les mille et mille raisons qui, en politique, font de Nicolas Sarkozy quelqu’un d’assez moyennement recommandable - avant de rallier son panache blanc : on voit par là qu’Eric Besson est avant tout un homme d’inébranlables convictions.) De leur côté, les pin’s parlants du chancelier Sarkozy, je pense notamment à Soeur Simone (Veil) et à Frère Jean-François (Copé), ont décliné à la télé, sans mollir, le message d’amour du chancelier Sarkozy - avec une sincérité qui rappelait un peu, toute chose égale par ailleurs, l’enthousiasme prolétarien des artistes qui, jadis, retouchaient les photos du régime soviétique. Soeur Simone, par exemple, n’a pas souvenir que le chancelier Sarkozy ait, d’une manière ou d’une autre, sauté à pieds joints sur de larges pans de la société française, ni confessé une quelconque "intuition" de type eugéniste. C’est à peine si elle se rappelle avoir, en effet, entendu quelque chose qui pouvait, de loin, ressembler un peu à une histoire de "racaille" et de "nettoyage au Kärcher". Soeur Simone cependant l’assure : ces mots n’étaient pas (du tout) ceux du chancelier, qui n’est qu’Amour, mais bien plutôt ceux d’une patriote ulcérée, dont le chancelier, dans son excessive bonté, souhaitait seulement, qui l’en blâmerait, apaiser le tourment. Soeur Simone trouve assez normal que le chancelier flatte ainsi des croupes douteuses. La dame aurait dit : "Y en a marre de ces bougnoules de merde, faut y aller au napalm" ? Le chancelier aurait, itou, répondu : "Mais très certainement, je conçois parfaitement que ces bougnoules de merde vous tapent sur le haricot, et m’en vais les napalmiser". Soeur Simone trouve, en substance, qu’il faut vraiment être le dernier des Moscovites pour tenir grief au chancelier Sarkozy de son engagement courageux auprès des mégères patriotes. Pendant ce temps-là, Frère Jean-François donne libre cours à sa joie : "Ce que je retiens moi de cette magnifique soirée de printemps, c’est que le Front National se ramasse une gamelle de compète, grâce au dévouement admirable du Sarkozaï Lama : des centaines de milliards de pauvres nazi(e)s de l’espace viennent de réintégrer le doux giron de la société multiculturelle égorgeuse de moutons, merci qui ? Merci ô sublime chancelier Sarkozy, qui avez su tenir à ces crevures fascistoïdes un discours de vérité vraie, brisant maint et maint et maint tabou". (A ce moment-là, Dominique Voynet, horrifiée, se tourne vers David Pujadas : "Eêêêêêêrk ! Mais il est immonde, ce mec ! Regardez ! Mais regardez : il crache plein de petits machins dégueulasses, quand il parle !" David Pujadas : "Pas de panique, c’est des morceaux de pin maritime, c’est normal, c’est Jean-François Copeaux, il a finalement un peu de mal à arrêter la langue de bois, même les patches ne l’aident pas vraiment".) Copé, sans déconner : on l’écoute, on finit par se dire que Sarko, c’est Pierre Vidal-Naquet, en mieux. Or : non. Du tout. Sarko, c’est l’homme qui murmurait à l’oreille des fachos. Le gars qui ne s’est jamais arrêté de les racoler à grands coups de slogans débiles, façon la xénophobie pour les nul(le)s. De souffler sur les braises. Les fidèles féaux de Sarkozy pourraient à la rigueur plastronner si leur champion avait fait un minimum de pédagogie antiraciste à destination de l’électorat frontiste, genre ben tu vois, Lucien, dans la vraie vie, si ta télé tombe en panne c’est pas seulement parce que le Rebeu du dessus a égorgé cent-vingt moutons dans son lavabo. Mais le moins qui se puisse dire est que ce n’est pas ce qu’il a fait. Ooooooh non, putain. (Il est vrai que ses penseurs de chevet lui crachotent au creux des ouïes, depuis un gros paquet d’années, que l’antiracisme est la mère de toutes les perversions, et pour tout dire un nouveau "communisme" (soviétique), avec son interminable cortège de suppliciés, type Renaud Camus.) Sarkozy est le gars qui, pour assouvir son ambition, a voulu dire tout haut ce que Le Pen pense tout haut, sous les applaudissements nourris d’une presse en déroute. Il n’a pas "franchi deux fois la ligne jaune", comme essaie de nous le faire gober le triste patron de "Le Monde" : il s’est délibérément vautré, avec délice(s), dans des haines recuites, à grands coups, notamment, de musulmans égorgeurs de moutons et de ministère de l’Identité nationale et de l’Immigration. Le gars essaie aujourd’hui, nous prenant décidément pour des con(ne)s de premier choix, de se présenter à nous sous les habits neufs de Martin Luther Sarkozy, mais ne pas s’y tromper : sa qualification d’hier signe, pour la deuxième fois en cinq ans, l’irruption au second tour de la droite extrême - à la différence près que ce coup-ci, "Libé" n’appelle pas à manifester. |
Tant qu’on y est, le début de sa chronique du 22 avril met l’accent sur une dérive qui n’est pas aussi innocente qu’elle en a l’air.
D’ores et déjà, un résultat : dans les communes équipées de machines à voter (qui se trouvent être aussi, par l’effet d’une amusante coïncidence, des communes dirigées par des maires qui ont de la (vive) sympathie pour Nicolas Sarkozy), c’est Nicolas Sarkozy qui va l’emporter, haut la main.
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Façon George W. Bush.
Nicolas Sarkozy va faire un score benalique, chez les maires UMP (ou ralliés) informatisés. Mettons-nous je vous prie dans la peau de ces maires. Ils ne peuvent pas ne pas savoir, à moins d’être complètement cons (et c’est en effet une possibilité), que les machines à voter ont permis, aux Etats-Unis, de gigantesques fraudes, pour le plus grand bénéfice du Pinocchio de la Maison Blanche. Vous et moi, on s’est dit, à ce moment-là : "Ces machines à voter, c ’est vraiment l’horreur absolue". Mais ces maires, eux, n’ont pas du tout réagi comme nous. Pas du tout. Ils ont plutôt battu des mains, en criant aaaaah, mais queeeee c’est bien, mais queeeeeee c’eeeeest bieeeeeen ! Et, direct, ils ont acheté plein de machines à voter, avec le pognon de leurs administré(e)s. C’est quand même assez rare, convenez, que la droite fasse preuve d’une telle sincérité. Une machine à gruger ? Foutre ! Mais il nous la faut ! D’urgence ! |
Raphaël Langlade dans un article de son "blog politique connectif", daté du 13 avril 2007, expose précisément ce qu’est la vision du pouvoir et la psychologie de Monsieur Sarkozy, celui qui est prêt à tout pour arriver à son but de présider la France.
Le chef de gangTout est là. Nous avions tout sous les yeux. Nicolas Sarkozy, qui a appris la politique dans les Hauts de Seine, se comporte depuis toujours comme un chef de clan, comme un caïd de film de mafia. Violent, emporté, brutal. Que personne ne dise après qu’il ne le savait pas... Que nous enseigne la lecture des journaux depuis 5 ans sur la vision du pouvoir et la psychologie de M. Sarkozy ? Le portrait est éloquent : Mégalomane
Clanique, familial, avide, égocentrique
Despotique, colérique
Il aime l’affrontement personnel, la violence verbale
Il trahit ses amis et ses alliés
Mélange des genres, abus de pouvoir
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